Episode 5 : Histoire de traileurs - Mon baptême de trail - Le Traileur Anonyme

Episode 5 : Histoire de traileurs - Mon baptême de trail

Il était une fois, sur les chemins sinueux de la montagne, une aventure qui allait marquer le début d'une nouvelle passion. Moi, un coureur amateur de trail running, je me tenais là, au seuil de ma première course officielle. Avec 45km de distance et 3000m de dénivelé positif devant moi, l'excitation et l'appréhension se mêlaient en un tourbillon d'émotions.

 

L'aventure avait commencé quelques mois auparavant, lorsque, lassé des boucles monotones de mon parc local, j'avais ressenti l'appel des sentiers. Le trail running était pour moi une énigme, un monde où la performance se mesurait autant par la force de volonté que par la vitesse ou l'endurance. J'avais donc troqué mes vieilles baskets contre une paire de chaussures de trail robustes, achetées sur un site dédié à cette passion naissante.

 

Le jour J, le départ de la course était comme un tableau vivant, peuplé de visages concentrés, de jambes qui trépignaient d'impatience. Moi, un anonyme parmi tous les traiteurs présent, je me sentais étrangement calme, comme si tout le tumulte du monde s'était tu pour laisser place à ma respiration et au battement de mon cœur.

 

Les premiers kilomètres furent une révélation. La nature s'ouvrait à moi, alternant entre sentiers forestiers, passages rocheux et traversées de ruisseaux. Chaque montée était un défi, chaque descente un soulagement teinté d'adrénaline. Mais c'est dans l'effort que j'ai découvert la véritable essence du trail : une quête personnelle au milieu de l'immensité.

 

À peine avais-je entamé la première montée difficile, le souffle court et le cœur battant, qu'une voix s'éleva au bord du sentier : "Courage ! Chaque pas est une victoire !" Cette simple phrase, prononcée avec conviction par un bénévole, me rappela que chaque effort, si minime soit-il, me rapprochait de mon objectif.

 

Plus loin, alors que je traversais un passage particulièrement technique, une autre bénévole, souriante malgré le froid matinal, m'encouragea : "Vous êtes plus fort que vous ne le pensez ! " Ses mots, comme un baume sur mes doutes, me donnèrent la force de surmonter les obstacles sous mes pieds.

 

Toutefois, l'euphorie des débuts laissa rapidement place à la réalité de l'endurance. Vers le 20ème kilomètre, mes jambes commencèrent à peser lourd, chaque pierre sur le chemin semblant conspirer pour entraver ma progression. C'est là que je fis ma première erreur majeure : négligeant l'importance de l'alimentation, je n'avais pas suffisamment mangé avant la course, me fiant naïvement à ma volonté pour me porter.

 

Les crampes s'invitèrent sans préavis, transformant chaque pas en un défi. Dans ces moments de doute, j'ai puisé dans les encouragements des bénévoles et des autres coureurs, une solidarité tacite qui formait le cœur battant de la communauté du trail.

 

C'est dans la douleur et l'épuisement que j'ai appris ma leçon la plus précieuse : le trail n'est pas une lutte contre les autres, mais une conversation intime avec soi-même. Chaque kilomètre parcouru, chaque mètre de dénivelé gravi, était un pas de plus vers la compréhension de mes limites et de ma force intérieure.

 

Au milieu du parcours, à un ravitaillement où je m'arrêtai pour reprendre des forces, un groupe de bénévoles m'accueillit avec des encouragements chaleureux : "Bravo à tous ! N'oubliez pas de vous hydrater !" Leur bienveillance et leurs conseils avisés furent pour moi un rappel précieux de l'importance de prendre soin de soi, même dans l'euphorie de la course.

 

Dans les derniers kilomètres, alors que l'épuisement menaçait de prendre le dessus, une voix portée par le vent me parvint : "L'arrivée n'est pas loin, lâchez rien !" Ce message, simple mais puissant, résonna en moi comme un appel à puiser dans mes dernières réserves d'énergie.

 

Ces messages, parsemés le long du chemin, furent comme des phares dans la nuit, guidant mes pas quand la fatigue voilait ma détermination. Ils me rappelèrent que, même dans les défis les plus solitaires, nous sommes portés par une communauté bienveillante, unie par l'amour de la montagne et du dépassement de soi.

Et puis, après des heures qui semblaient s'étirer en une éternité, la ligne d'arrivée se profila à l'horizon. Mes pieds, guidés par un mélange de volonté et d'instinct, franchirent le seuil qui séparait l'épreuve de la délivrance. L'émotion qui m'étreignit était indescriptible, un mélange de fierté, de soulagement et d'une profonde gratitude envers la montagne, qui m'avait accueilli et éprouvé.

 

En me retournant pour contempler le chemin parcouru, je compris que cette course n'était pas seulement une épreuve physique, mais un voyage initiatique. Le trailrunning m'avait révélé à moi-même, m'enseignant l'humilité, la persévérance et le respect de la nature.

Cette première course de trail fut bien plus qu'une compétition ; elle fut une métamorphose. Désormais, chaque sentier, chaque montée, chaque descente, portait en lui la promesse d'une nouvelle aventure, d'une nouvelle histoire à vivre et à raconter.

Alors que je partage ces mots, je ne peux m'empêcher de sourire, pensant déjà à ma prochaine course. Car dans le trail, chaque fin n'est que le début d'une nouvelle quête, un pas de plus sur le chemin infini de la découverte de soi.

Et vous, quelle est votre histoire ? 

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